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Les anglicismes

Le clin d’oeil orthographique de l’été

Dîtes-le en français !

On dit des français qu’ils sont fiers de leur langue et piètres pratiquants de langues étrangères et pourtant, si nous savions…

Lorsqu’on écoute parler autour de soi, il est rare de ne pas entendre des mots directement importés de l’anglais. Les anglicismes sont très à la mode, et pour cause : il est plus rapide et tendance de dire “coach“ que “entraîneur“ ou “flyer“ que “prospectus“ ou encore “lobby“ que “groupe de pression“. Les anglais ont le chic du mot court, de l’expression simple. Un bon exemple dans le jargon de l’entreprise : le “briefing / debriefing“ (littéralement informer brièvement) plutôt que “réunion préparatoire / réunion bilan“. On peut comprendre ce choix !

Mais sait-on que bien des fois, nous utilisons des termes anglais totalement dérivés de leur sens réel ? Le plus flagrant est l’adjectif “cool“, utilisé à toutes les sauces et qui signifie “frais“ en réalité ou encore “vintage“, très en vogue, qui est un terme d’œnologie signifiant un “bon cru“.

Et je ne peux résister à vous rappeler la traduction de pullover (tirer par-dessus) ou sweatshirt (chemise à transpiration).

Que dire des mots “camping“, “parking“, “dressing“, “brushing“ qui sont en fait des arrangements français fabriqués en ajoutant la terminaison anglaise “-ing“ ? Et de faux-amis.

Ce que l’on connaît moins, c’est ce qu’en linguistique on qualifie “d’aller-retours“ : ce sont des mots anglicisés qui viennent du français : gentlemen (de gentilhomme) – flirt (de compter fleurette) – jean (à l’origine : toile de coton de Gênes) – marketing (du vieux français “marchiet“ (accord, marché) – manager (de maneggiare, Italie (avoir en main) qui donna ménagère – ménager, avec le sens de “prendre soin de“, sous entendu des biens et des personnes du ménage !).

Étonnant et déconcertant, non ?

Pour en savoir plus sur les anglicismes, le blog : http://www.slate.fr/story/69533/francais-anglais-angliscismes-franglais

Quittons la culture anglaise et découvrons d’autres richesses car, je cite : “Grand fournisseur de mots à des langues comme le portugais, l’italien ou le roumain, mais aussi au néerlandais, au danois, ou encore à l’arabe et au persan, et, de façon massive, à l’anglais, le français a en effet beaucoup donné, mais il s’est aussi beaucoup enrichi en puisant dans des dizaines de langues, proches ou lointaines.“

Des mots venus de l’arabe, du persan, du turc : couffin, jupe, alcôve, matelas, divan, sofa, coton, magasin,sirop, sorbet, artichaut, carafe, matraque, assassin, fardeau, récif, nacre, ambre, talc, goudron, gazelle, girafe, guitare.

Des mots venus d’Italie : caleçon, pantalon, costume, veste, escarpin, pantoufle, dessin, esquisse, coupole, gradin, balcon, solfège, virtuose, banquet, festin, bocal, chou-fleur, radis, saucisson, citrouille, alerte, alarme, sentinelle

Mais aussi de l’espagnol, du portugais, de l’allemand, du norvégien (ski, slalom), du tchèque (calèche, robot), du polonais, du russe, du malgache, du malais, du japonnais… la liste est longue.

Un petit exercice pratique ?

A vous de jouer ! Tentez de retrouver l’origine de ces mots courants* :

1 – une pintade                                         A – anglais

2 -des épinards                                        B – arabe

3 -un saucisson                                        C – persan

4 -des abricots                                         D – italien

5 -un cake                                               E – portugais

Mes sources, pour ce dernier paragraphe, sont l’excellent travail de la linguiste Henriette Walter que l’on peut retrouver sur le site https://alsic.revues.org/324 pour en savoir davantage sur ce passionnant sujet, tellement d’actualité.

Notre langue n’est-elle pas le reflet de notre culture ? Une culture riche, plurielle, métissée qui se nourrit d’influences au-delà des frontières. Les mots passent d’un pays l’autre et se disent, voyagent, se transforment, tissant ainsi les liens vers la compréhension entre les peuples.

Et si tout le monde était O.K avec ça, on n’en serait pas là !!

O.K abréviation apparue pendant la guerre de Sécession (1861-65) : les Sudistes annonçaient le nombre de victimes après la bataille : 0 killed ! (0 morts). Le zéro anglais se prononçant comme la lettre “O“, l’expression est ainsi née !