Le clin d’oeil de l’été
Sentir le soleil et la brise nous caresser la peau, goûter le plaisir de nager dans la fraicheur d’une eau claire, abandonner nos habitudes pour un temps… celui des vacances, moment tant attendu à l’approche de l’été. « Vacances » vient du latin vacans, forme du verbe vacare : être oisif ; qui donna aussi « vacant », libre, inoccupé. Car oui, c’est bien de cela qu’il s’agit, les vacances sont un temps où on laisse de côté ses préoccupations, ses soucis, un temps de relâchement où l’on s’accorde des moments de liberté. Indispensable à l’équilibre mental et physique, ce moment de coupure nous permet de retrouver le plaisir de vivre à notre rythme, d’avoir l’esprit disponible.
Liberté retrouvée aussi dans nos corps : vêtements légers, peau bronzée, on se dévoile nécessairement davantage et nos sensations sont plus exacerbées… « à fleur de peau ». Cette expression est utilisée en général dans un sens péjoratif pour exprimer un excès de sensibilité, alors qu’à son origine latine, « florem – à fleur de » signifiait « la meilleure partie d’une chose ».
Car la peau, de ses sept épaisseurs, constitue notre enveloppe précieuse, notre fragile rempart face au monde, notre interface visible et dire que ça « coûte la peau des fesses », illustre concrètement la valeur qu’on lui donne !
Quant à « se mettre dans la peau de quelqu’un, (d’un personnage) » c’est bien l’investir complètement, le comprendre, lui ressembler. On peut, à l’inverse, « avoir quelqu’un dans la peau » et à ce moment là, c’est lui qui nous envahit, qui nous enivre de passion comme dans les chansons d’amour…autrefois on disait : être soûl de la peau de quelqu’un.
En cherchant, on se rend compte que ce mot est toujours associé à des valeurs de vie et de mort, comme si effectivement la peau devenait l’être à par entière. Ne dit-on pas couramment de quelqu’un qu’il est « bien (ou mal) dans sa peau » pour décrire un état à la fois psychologique et physique, évoquer une harmonie, ou dysharmonie, entre le corps et l’esprit ? L’expression, loin d’être scientifique parle d’elle-même, tout comme « faire peau neuve » que l’on dira de quelqu’un qui change sa façon d’être, son comportement.
Dans « risquer sa peau » la peau est synonyme de vie mais renvoie à l’idée de mort ou de grand danger. Et que dire de « j’aurai ta peau ! » employé avec humour de nos jours mais qui recèle une grande violence puisqu’elle est empruntée au vocabulaire de la chasse…sans commentaires.
Décidément, notre enveloppe corporelle est à considérer avec le plus grand respect : on n’a qu’une peau, depuis notre naissance jusqu’à notre mort, qui se transforme, se détend, s’adapte et s’entretient comme un trésor ! On retrouvera cette symbolique dans la locution « peau de chagrin » qui signifie se réduire progressivement (jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien). En connaissez-vous l’origine ? En fait, le mot chagrin s’est transformé à l’usage mais il vient du Turc « sagri » qui désignait la peau des ânes, utilisée pour fabriquer des tambours. Et c’est du roman « La peau de chagrin », d’Honoré de Balzac qu’est née l’expression : cette peau est une pièce de cuir magique et maléfique qui exauce tous les vœux de son possesseur, mais qui, à chaque désir réalisé, voit sa taille diminuer, tout en rongeant progressivement la vie de son propriétaire qui mourra en même temps que la peau disparaîtra, suite à un dernier désir satisfait. Une très belle histoire d’âme et de peau à lire ou à relire pendant les vacances ?