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Les p’tits plats dans les grands

  Le clin d’œil du mois de décembre 2017

Dans la langue française du 19ème siècle, un « petit plat » représentait de la nourriture cuisinée avec soin et les « grands plats » n’étaient autres que de la vaisselle des grandes occasions. Lorsqu’il n’y avait plus d’argent pour offrir un grand repas coûteux, il était d’usage de servir des mets en petite quantité dans de beaux récipients.  L’expression « mettre les petits plats dans les grands » a donc un sens plus subtil qu’on le croit pour dire : faire le maximum pour honorer ses invités.

Et quoi de plus festif et traditionnel qu’un bon repas autour d’une belle table, quand s’animent les conversations et pétillent les regards. Vous me direz que tout dépend de l’ambiance. Il est sûr que si vous restez fermé comme une huître, voire muet comme une carpe, elle risque de tourner au vinaigre surtout si certains commencent à remuer le couteau dans la plaie en ressortant les vieilles casseroles et en n’y allant pas avec le dos de la cuillère…

Surtout, ne soyez pas soupe au lait, détendez-vous et mettez de l’eau dans votre vin si vous ne voulez pas rester en carafe avec votre menu de fête.

Même si la moutarde vous monte au nez, ne vous laisser pas rouler dans la farine car on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs de toute façon ! Et le meilleur moyen de se réconcilier est de passer à table car en général tout le monde a un bon coup de fourchette et celui ou celle qui met les pieds dans le plat en remarquant comme un cheveu sur la soupe n’empêchera personne d’avoir l’eau à la bouche !

Et si nous commencions par l’apéritif ? Car après-tout, on n’est pas venu pour des cacahuètes ! Pour l’entrée, nous mettrons la main à la pâte histoire de mettre les bouchées doubles avant de passer au plat principal. De la dinde farcie ?

Mais oui, pourquoi pas, il ne s’agit pas d’être le dindon de la farce* et de passer à côté de la tradition. Sachez que le dindon a été rapporté du Mexique courant 16ème siècle et que ce gros volatile remplaça avantageusement la traditionnelle oie des banquets de fête. Son côté exotique a vite séduit pour honorer la fête de Noël. Quant à l’expression « être le dindon de la farce », elle trouve ses origines au 18ème siècle, dans un  spectacle forain, où les pauvres bêtes étaient posées sur une plaque métallique progressivement chauffée par-dessous, ce qui les obligeait  à «danser» pour éviter de se brûler les pattes. C’est donc se retrouver au milieu de tous, moqué par les autres. Violent, non ?

Mais revenons à nos moutons : malgré tout, on n’en fera pas tout un fromage si, manque de bol, on s’est fait pigeonner et qu’au menu, ça ne mange pas de pain, on vous a posé un lapin !

Restera le meilleur pour la fin, même si ce n’est pas forcément votre tasse de thé et que vous craignez par-dessus le marché de prendre de la brioche : la bûche* !

 

Eh bien, croyez-moi, après un tel festin, vous serez tout sucre tout miel, copains comme cochons et prêts à chanter comme des casseroles !

*Traditionnellement, à Noël, pour la plus longue nuit de l’hiver, on choisissait une grosse bûche pour qu’elle puisse brûler du 24 décembre au 1er janvier. Le jour du solstice, on renversait un peu de vin ou d’huile dessus en offrande. La bûche était déposée dans le foyer par l’aîné et le cadet de la maison, symbole de la famille et de la transmission.